La fontaine Chrob ou Chouf est élevée sous le règne de Ahmed El-Mansour (1578-1603), le dernier Saâdien, dont le royaume s’étendait jusqu’à Tombouctou et Gao (Mali). Celui-ci avait établi sa cour impériale à Marrakech et ornait la ville de nombreuses constructions grâce au commerce saharien dont il avait la maîtrise. Fidèle à la gloire de son commanditaire, " Chrob ou Chouf " ne pouvait être que resplendissante.
De dimension petite, la fontaine se compose à la base seulement d’une loggia abritant une auge en maçonnerie. En revanche, l’étage supérieur s’étire vers le ciel, d’une dimension et d’une décoration impressionnante. Des consoles en supportent en encorbellement un immense linteau en cèdre sculpté. Le couronnement, en cèdre, également, est exécuté sous forme de nid d’abeilles, le tout couvert d’un toit en pente revêtu de tuiles vertes vernies. Les inscriptions sur le linteau sont des calligraphies andalouses, en caractères cursifs ou coufiques, semblables à celles Mouassine.
Une d’entre elle a donné son nom à la fontaine. Elle invite le passant à " boire et regarder " (en arabe chrob ou chouf). C’est très certainement un pléonasme puisqu’en arabe, le mot désigne à la fois l’œil et la source. Ne buvez pas, mais vous pouvez regarder…
Le 25 septembre 2000, la duchesse Von Habsbourg, présidente d’Art Restauration of Cultural Héritage (ARCH) inaugura la fontaine, remise à neuve.